Les Poésies de A.O. Barnabooth, 1923
Promenade en compagnie d'A.O. Barnabooth, personnage bien né sous la plume de Valéry Larbaud, à l'aube du 20e siècle.
Double de l'auteur parfois cynique et insensible, ce jeune homme de bonne famille est un dandy globe-trotter parcourant les mers et les ports sans jamais s'attacher quelque part ni à quiconque.
Passons un moment avec lui, prenons le temps de nous installer dans son poème, pour l'atmosphère si particulière des stations balnéaires abandonnées à l'automne - Scheveningue, Cabourg ou Balbec... - qu'il offre à ressentir.
SCHEVENINGUE, MORTE-SAISON
Dans le clair petit bar aux meubles bien cirés,
Nous avons longuement bu des boissons anglaises ;
C'était intime et chaud sous les rideaux tirés.
On eût dit un fumoir de navire ou de train :
J'avais le cœur serré comme quand on voyage ;
J'étais tout attendri, j'étais doux et lointain ;
J'étais comme un enfant plein d'angoisse et très sage.
Cependant, tout était si calme autour de nous !
Des gens, près du comptoir, faisaient des confidences.
Oh, comme on est petit, comme on est à genoux,